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L'Anses alerte sur un risque important pour les cultures dû à l'arrivée possible d'un nouvel insecte
Dans un avis rendu public en fin de semaine dernière, l'Anses alerte sur le risque d'arrivée en France du scarabée japonais, en insistant sur la nécessité de repérer et d'éradiquer au plus vite cet insecte qui pourrait se révéler ravageur pour les cultures.
Par Franck Lemarc
Après la pyrale du buis, voici un nouveau danger qui menace les cultures : le scarabée japonais (Popillia japonica). Déjà présent en Suisse et en Italie, la probabilité de le voir apparaître en France est jugée « haute » par l’Agence de sécurité sanitaire, qui juge indispensable de le repérer au plus vite « dès son entrée sur le territoire ».
Insecte « polyphage »
Le scarabée japonais (reconnaissable notamment à la couleur verte de sa tête) a été repéré en Italie en 2014 et en Suisse en 2017 où, depuis deux ans, les autorités sanitaires tentent d’enrayer sa prolifération. Venu, comme son nom l’indique, du Japon, cet insecte s’est établi en Amérique du nord puis en Europe. C’est un insecte dit « polyphage », qui se nourrit d’à peu près n’importe quelle plante : l’Anses détaille que « 92 familles botaniques » font partie des espèces susceptibles d’être ravagées par cet insecte, dont les arbres fruitiers, les espèces forestières (peupliers ou érables), les grandes cultures (maïs, soja), les légumes, des plantes ornementales (notamment les rosiers). L’insecte se nourrit aussi bien des feuilles que des fruits et des fleurs.
Sa dissémination se fait aussi bien de façon « naturelle » – l’insecte voyage et a une capacité de vol « élevée » – que via ce que l’Anses appelle « un comportement autostoppeur » – l’animal étant alors importé dans des fleurs, des feuilles ou des fruits.
Sa probabilité d’établissement en France est jugée « haute avec une incertitude faible ». « En effet, l’intégralité du territoire français à l’exception des zones de montagne, est propice à l'établissement de l’insecte, car les précipitations estivales sont suffisantes, la température est favorable et les plantes hôtes disponibles. »
Repérer pour agir au plus vite
L’Anses recommande donc de prendre des mesures pour tenter d’empêcher l’insecte d’entrer en France, par « piégeage avec des leurres » le long des frontières avec la Suisse et l’Italie et « à proximité des points d’entrée » par importation (marchés d’intérêt national, aéroports, points d’entrée portuaires et ferroviaires, etc.). « L’utilisation des pièges attractifs à phéromones est la méthode de surveillance la plus fiable dans la mesure où elle est sélective et efficace. »
Si un insecte est repéré, l’Anses préconise de délimiter une zone de 5 km autour du lieu et d’y appliquer des mesures drastiques de « lutte chimique » et de « piégeage de masse », allant jusqu’à l’interdiction du déplacement hors de cette zone de tout végétaux et déchets de végétaux, et ce dans des délais « brefs ». L’Agence explique « qu’un intervalle de quelques années existe entre les premiers signalements de Popillia japonica et l’observation des impacts alarmants, à un stade où les foyers ne peuvent plus être éradiqués ». Il faut donc agir le plus tôt possible.
L’Anses insiste sur la nécessité de « sensibiliser » les différents acteurs. Elle signale que la première détection de l’insecte, en Italie, a été faite « par un naturaliste amateur ». Elle appelle donc à une campagne de sensibilisation aussi bien par le biais d’internet que par l’organisation d’ateliers impliquant « les conseillers des chambres d’agricultures, les gestionnaires des paysages, les agriculteurs, les jardiniers, les entomologistes, etc. » Les sites participatifs – déjà utilisés, par exemple, pour mesurer la diffusion du moustique tigre, et qui permettent à tout un chacun d’alerter les autorités sanitaires de la présence d’un insecte nuisible, photo à l’appui, à l’aide d’un simple smartphone – vont également être développés.
Le sujet est loin d’être anodin. Dans son étude, l’Anses alerte sur le fait que là où cette espèce est très disséminée, les dégâts sur les cultures peuvent être « très importants », avec des pertes de rendement de certaines exploitations pouvant aller jusqu’à « 80 % » et une « défoliation » (perte des feuilles) dans certaines vignes allant jusqu’à 100 %.
Aux États-Unis, signale l’Anses, les dégâts provoqués sur le seul gazon par ce scarabée sont estimés à 450 millions de dollars.